c’est grand tout

•17 mars 2011 • Laissez un commentaire

« Les lieux semblent se ressembler de plus en plus, tout est partout en même temps, la singularité s’efface au profit d’une globalisation, non plus celle des lieux, mais celle de tous les lieux. »

A. Laumonier, « Errance ou la pensée du milieu », cité par Raymond Depardon, Errance

effacement

•17 mars 2011 • Laissez un commentaire

« L’errant s’efface, devient silencieux, il se livre à l’expérience du monde, c’est pourquoi il ne peut pas y avoir d’errance immobile. »

A. Laumonier, « Errance ou la pensée du milieu », cité par Raymond Depardon, Errance

espace intermédiaire

•17 mars 2011 • Laissez un commentaire

« L’errant en quête du lieu acceptable se situe dans un espace très particulier, l’espace intermédiaire. A l’espace intermédiaire correspond en fait un temps intermédiaire, une temporalité que l’on pourrait qualifier de flottante. Ce temps flottant est le temps du regard sur l’histoire, où l’errant s’interroge sur le passé en même temps qu’il réfléchit sur son futur proche. »

A. Laumonier, « Errance ou la pensée du milieu », cité par Raymond Depardon, Errance

d’un lieu acceptable

•17 mars 2011 • Laissez un commentaire

« L’errance, terme à la fois explicite et vague, est d’ordinaire associée au mouvement, et singulièrement à la marche, à l’idée d’égarement, à la perte de soi-même. Pourtant, le problème principal de l’errance n’est rien d’autre que celui du lieu acceptable. »

A. Laumonier, « Errance ou la pensée du milieu », cité par Raymond Depardon, Errance

confluences

•16 mars 2011 • Laissez un commentaire

Et maintenant le sentiment inexplicable de la bonne route faisait fleurir autour de moi le désert salé — comme aux approches d’une ville couchée encore dans la nuit derrière l’extrême horizon, de toutes parts des lueurs errantes croisaient leurs antennes — l’horizon tremblé de chaleur s’illuminait du clignement de signaux de reconnaissance — une route royale s’ouvrait sur la mer pavée de rayons comme un tapis de sacre — et, aussi inaccessible à notre sens intime qu’à l’oeil l’autre face de la lune, il me semblait que la promesse et la révélation m’étaient faites d’un autre pôle où les chemins confluent au lieu de diverger, et d’un regard efficace de l’esprit affronté à notre regard sensible pour qui le globe même de la terre est comme un oeil.

Julien Gracq, Le rivage des Syrtes

cheminé en absence

•16 mars 2011 • Laissez un commentaire

J’avais cheminé en absence, fourvoyé dans une campagne de plus en plus morne, loin de la Rumeur essentielle dont la clameur ininterrompue de grand fleuve grondait en cataracte derrière l’horizon.

Julien Gracq, Le Rivage des Syrtes

égarement

•16 mars 2011 • Laissez un commentaire

Le sentiment intime qui retendait le fil de ma vie depuis l’enfance avait été celui d’un égarement de plus en plus profond; à partir de la grande route d’enfance où la vie entière se serrait autour de moi comme un faisceau tiède, il me semblait qu’insensiblement j’avais perdu le contact, bifurqué au fil des jours vers des routes de plus en plus solitaires, où parfois une seconde, désorienté, je suspendais mon pas pour ne surprendre plus que l’écho avare et délabré d’une rue nocturne qui se vide.

Julien Gracq, Le Rivage des Syrtes

la chambre des cartes

•15 mars 2011 • Laissez un commentaire

Dès que j’en avais pour la première fois, au cours de mes explorations dans ce dédale de cours et de casemates, poussé par simple curiosité la porte, je m’étais senti progressivement envahir par un sentiment que je ne saurais guère définir qu’en disant qu’il était de ceux qui désorientent (comme on dit que dévie l’aiguille de la boussole au passage de certaines steppes désespérément banales du centre de la Russie) cette aiguille d’aimant invisible qui nous garde de dévier du fil confortable de la vie, — qui nous désignent, en dehors de toute espèce de justification, un lieu attirant, un lieu où il convient sans plus de discussion de se tenir.

Julien Gracq, Le Rivage des Syrtes

cartes

•15 mars 2011 • Laissez un commentaire

Tu avais fouillé tous les tiroirs pour vérifier. Non, ta mémoire ne t’avait pas trompé: pas de carte ici. Jamais eu. Sinon dans le buffet de la salle à manger, celles du calendrier des Postes. C’était peu. Tu les feuilletais tout gosse. Suivais du doigt le tracé des routes. Et puis dans ta chambre, celles du Larousse.  Emmenaient loin, celles-ci. Et leur proximité d’avec les mots…

kilo de chair

•15 mars 2011 • Laissez un commentaire

Il a pourtant vu toute l’Europe, la Russie, la Perse, mais sans jamais vouloir céder au voyage un pouce de son intégrité. Surprenant programme! conserver son intégrité! rester intégralement le benêt qu’on était? aussi n’a-t-il pas vu grand chose, parce que le kilo de chair de Shylock — je le sais maintenant — pas de pays qui ne l’exige.

Nicolas Bouvier, L’usage du monde